Cancer du pancréas, un lien avec l’exposition aux pesticides
Ces polluants sont de véritables bombes sanitaires, semées en toute connaissance de cause. Ils empoisonnent les sols, les eaux, la faune, et jusqu’à nos propres corps.
Le cancer du pancréas est un des cancers les plus agressifs. En France, son incidence augmente de plus de 3 % par an depuis 2010, soit deux à trois fois plus rapidement que dans la majorité des autres pays européens.
Cette progression fulgurante spécifique à la France n’est pas expliquée par une différence des facteurs de risque classiques. Comme la France est un pays agricole avec une utilisation importante de pesticides, plusieurs études ont recherché un lien entre ce cancer et une exposition aux pesticides.
De tels liens avaient été suggérés sans démonstration formelle. Et c’est bien compréhensible car un cancer peut mettre plusieurs années, voir plusieurs dizaines d’années pour se développer chez un individu. Et nous sommes de plus en plus exposés à une alimentation industrielle transformée, une surconsommation de sucre, de graisses, de nombreux produits chimiques : conservateurs, polluants, en particulier pesticides, PFAS, microplastiques, etc.
L’exposition aux pesticides augmente le risque de développer un cancer du pancréas
Une étude récente a analysé la répartition géographique de plus de 130 000 cas de cancers du pancréas en France entre 2011 et 2021, pour rechercher si il existait une corrélation significative entre le nombre de cas de ce cancer dans un territoire donné et la dispersion de pesticides sur les surfaces agricoles de ce territoire.

Les résultats sont clairs : Ils montrent une association significative entre l’incidence du cancer du pancréas et la quantité de pesticides délivrée par unité de surface agricole. Et ceci après correction des différences territoriales pour les autres facteurs de risque connus pour développer un cancer du pancréas : âge, sexe, pathologies liées au tabac, alcool, obésité morbide.
L’étude montre aussi que l’utilisation accrue de pesticides sur les champs augmente le risque de cancer du pancréas. Une hausse de 2,5 kg par hectare sur 11 ans fait passer ce risque de 0,9 % à 1,4 %. Cela représente une augmentation de 1 % de la quantité totale de pesticides sur les vignes (220 kg/ha en 11 ans), et de 5 % sur les cultures céréalières qui utilisent moins de pesticides.
Trois pesticides ont été spécifiquement identifiés comme augmentant le risque :
- Le soufre en pulvérisation (souvent utilisé en viticulture et arboriculture)
- Le mancozèbe (un fongicide retiré du marché européen en 2020)
- Le glyphosate (l’herbicide le plus controversé, réautorisé en Europe malgré les alertes scientifiques).
Persistance de pesticides interdits depuis des dizaines d’années dans le corps humain
Pour illustrer ce propos, considérons l’exemple des pesticides organochlorés, en particulier le chlordane. Produit cancérigène, le chlordane est interdit depuis 1991 en France. En conséquence, une exposition au chlordane n’a pas été évaluée dans l’étude ci-dessus prenant en compte les pesticides dispersés entre 2011 à 2021.
Mais une autre étude récente (Pestipac) a montré une concentration élevée de chlordane, et dans une moindre mesure d’autres pesticides organochlorés, 30 ans après son interdiction, dans divers tissus de sujets développant un cancer du pancréas, comparativement à des sujets sains !
L’explication est que le chlordane est très stable. Il persiste dans les sols avec des demi-vies de 4 à 20 ans suivant les conditions environnementales. Et il s’accumule dans les tissus graisseux humains et exerce son effet cancérigène…
Effets cumulatifs des polluants et intérêt des ces études d’incidence de cancers par territoires
Un concept bien établi en cancérologie est que plusieurs substances peuvent renforcer mutuellement leurs effets, souvent de façon synergique. Seules, elles peuvent avoir peu d’effet. Mais ensemble, elles deviennent cancérigènes. Elles dérèglent le métabolisme, elles entretiennent une inflammation chronique et favorisent la survie de cellules anormales.
Avec le temps, ces déséquilibres entraînent l’accumulation de mutations génétiques dans un petit contigent de cellules qui deviennent pré-cancéreuses puis cancéreuses, et affaiblissent les défenses immunitaires dirigées contre ces cellules cancéreuses, ouvrant la voie au développement progressif d’un cancer.
Aussi, il est d’autant plus remarquable que les études ci-dessus aient montré un lien statistique entre cancer du pancréas et un pesticide individuel, alors que de nombreux autres contaminants environnementaux (pesticides, PFAS, microplastiques, polluants routiers, etc) s’accumulent dans les sols, dans l’eau et dans nos corps, que l’alimentation industrielle entraîne une surconsommation de sucre, de graisses, d’alcool, de tabac, etc.
Citons par exemple cette étude publiée dans Nature en 2025 qui montre que nous avons l’équivalent d’une cuillère à café, soit 5 grammes, de microplastiques dans nos cerveaux ! Une concentration qui a augmenté de 40 % en huit ans.
L’originalité et la puissance de cette approche de comparer l’incidence des cancers dans les différents territoires d’un même pays sont confirmées par l’étude française Geocap ayant mis en éveidence une incidence augmentée des cancers pédiatriques chez les populations habitant à proximité des vignes (voir notre article).
De même, l’étude récente Pestiriv a détecté une concentration augmentée de pesticides dans les urines et cheveux des habitants proches de vignes.
Une seule solution, prendre en main notre avenir en commun !
Ces données scientifiques rigoureuses révèlent l’ampleur de l’irresponsabilité d’Emmanuel Macron, fidèle exécutant de l’oligarchie financière, des barons de l’agro-business qui contrôlent la FNSEA, et de leurs alliés politiques – les représentants de la droite et de l’extrême droite, des macronistes au RN. Tous défendent le même modèle productiviste destructeur, soutenant la loi Duplomb, les mégabassines, la réautorisation du glyphosate, etc.
L’exemple du glyphosate est marquant. Pour autoriser la prolongation pour dix ans de l’utilisation de ce pesticide, les dirigeants se sont appuyés sur l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Or l’EFSA n’a pris en compte que les études fournies par les industriels eux-mêmes, et a ignoré les travaux indépendants menés par de grands instituts européens de recherche démontrant la cancérogénicité et la génotoxicité du glyphosate (voir notre article).
En France, l’expertise collective de l’Institut National de la Santé et de Recherches Médicales (INSERM) a établi clairement une présomption de lien entre l’exposition professionnelle au glyphosate et plusieurs cancers, ainsi qu’un potentiel effet génotoxique.
Ces polluants sont de véritables bombes sanitaires, semées en toute connaissance de cause. Ils empoisonnent les sols, les eaux, la faune, et jusqu’à nos propres corps. L’agro-industrie engrange ses profits, pendant que les espèces vivantes paient le prix fort : celui de la maladie, de la perte de biodiversité, et du saccage du vivant.
Plus que jamais, il faut mettre en place le programme de la France Insoumise développé dans LA RÈGLE VERTE POUR ROMPRE AVEC LE PRODUCTIVISME !
