Faut-il encore construire des routes ?

Joël Delot, Les Insoumis du Pic Saint Loup

Agréablement surpris que la fac d’économie de Montpellier propose un débat sur le construction de routes, j’y ai assisté pour écouter les arguments développés par rapport aux analyses du collectif « la déroute des routes ». Débat organisé par une association d’étudiant-es.

Le premier intervenant, le Pr. Mathias Reymond, professeur d’économie, a montré que la politique des années 50 jusqu’à aujourd’hui a résidé dans le concept mis en avant par Pompidou « Il faut adapter la ville à l’automobile ». La priorité était de lutter contre la congestion des réseaux routiers, réduire les embouteillages et le temps de trajet, en créant de nouvelles voiries. Mais si la construction de routes permets de réduire le temps de trajet à court terme, à moyen et long terme le problème s’aggrave. Les nouvelles routes engendrent la construction de nouvelles maisons, de zones artisanales induisant un étalement urbain et en final plus de déplacement… C’est la conjoncture de Zahavi. Au delà d’un maximum de temps de transport de 70mn, les gens changent de comportement. L’élargissement des routes encombrées attire une demande latente provenant d’autres itinéraires. C’est le paradoxe de Down -Thomson qui fait que l’offre de voirie crée la demande de voirie. Plusieurs études européennes montrent que les expansions des autoroutes urbaines augmente le trafic automobile et ne résout pas le problème de l’allégement, la fluidité. Et de plus, l’accroissement des capacités des infrastructures entraîne un effet négatif sur les transports collectifs, le paradoxe de Mogridge.

Concernant le projet de « Contournement Ouest de Montpellier » (COM) Le co-délégué de Shiffers LR nous a montré que l’étude d’impact de Vinci n’avait pas pris en compte les effets induits pour le calcul des émissions de CO2 que leur étude estimait plutôt entre 205.000 à 450.000 t d’équivalent CO2.

La représentante du collectif l’Autre COM a développé ses angles d’attaques : l’étalement urbain déjà constaté au nord avec la A75 n’a pas été pris en compte, les parkings envisagés sont sous-dimensionnés par rapport au trafic que le COM va engendrer, sur 1 km, le projet ne prévoit pas 4 voies mais dix voies avec celles pour le trafic local et les bus.

En tout état de cause le préfet a reçu la demande d’enquête publique environnementale, dernier acte avant les débuts des travaux du COM… Le chantier débuterait en 2026 et demande trois années de travaux. La lutte ne fait que commencer, le collectif une AutreCom envoie une pétition pour participer à leur mouvement

Le projet COM démesuré et coûteux (> 300 millions d’euros) est conçu pour permettre un triplement du nombre de véhicules (de 25 000 à plus de 70 000 véhicules par jour) dont un grand nombre de poids-lourds : le COM est en effet un des chaînons manquants de cet axe européen qui doit traverser la France depuis le Nord de l’Europe et le Havre, éviter l’Ile de France, en allant jusqu’au Sud vers les ports de Méditerranée et l’Italie. 

S’il se réalise, il impactera fortement la vie des habitants de l’Ouest de Montpellier : 

  • accroissement de 269 000 tonnes d’émission de CO2 en 20 ans, auquel s’ajoutent l’oxyde d’azote, les particules fines, etc. (selon une étude des Shifters)
  • artificialisation d’environ 25 ha d’espaces agricoles,naturels et forestiers
  • contradiction flagrante avec les engagements pris au niveau national de réduction des Gaz à Effet de Serre et de limitation de l’artificialisation des sols (ZAN) et au niveau de la Métropole (ZFE)
  • accentuation du cloisonnement du territoire et des ségrégations sociales entre secteurs.

Il ne résoudra pas durablement les problèmes de circulation locale dans ce secteur. 

Le Collectif « Autre COM » propose des solutions alternatives, qui passent à la fois par le traitement des zones névralgiques et par le développement massif des transports collectifs périurbains en site propre, ainsi qu’un réseau d’aménagements cyclables cohérent et incitatif. 

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