Mine de Lithium, Lodève : « projet incontrôlé, santé en danger ».

Pour quelle transition énergétique ?

Pour quelle transition énergétique ?

Joël Delot, les Insoumis du Pic saint Loup

L’Union européenne souhaite sécuriser l’ensemble de la chaîne de valeur des métaux rares, de l’extraction au recyclage. Elle veut aller vite…

Fin mars, la commission a publié une liste de 47 projets dont 13 États membres vont pouvoir bénéficier avec des procédures accélérées pour les permis d’exploitation et les prêts bancaires. Vingt-cinq projets d’extraction minière devraient être approuvés dans les deux ans, dont l’extraction du lithium en France.

Le 3 avril 2025 est publié au Journal officiel une demande d’octroi de permis exclusif de recherches de mines de lithium dit « Permis de Lodève » déposé par la société Transition Elements AS, pour une durée de 5 ans portant sur le territoire de 22 communes du département de l’Hérault.

Les communes concernées sont les suivantes : Bédarieux, Carlenças-et-Levas , La Tour-sur-Orb, Pezènes-les-Mines, Cabrières, Celles, Clermont-l’Hérault, Lacoste, Liausson, Mourèze, Salasc, Valmascle, Le Bosc, Le Puech, Lodève, Olmet-et-Villecun, Saint-Jean-de-la-Blaquière, Brenas, Dio-et-Valquières, Lavalette, Lunas, Mérifons, Octon et Lunas-Les-Château. (c.f. JO du 24 avril 2025).

Lithium : entre promesse énergétique et réalité d’extraction

Le lithium est un métal rare utilisé essentiellement pour les batteries (téléphone, vélos, voiture…). En fin d’utilisation, les batteries au lithium sont recyclés, ce qui pose d’énormes problèmes de stockage. « En dix ans, les incendies liés aux batteries au lithium ont bondi de 150 %. Et, dans 60 % des cas ils surviennent dans les centres de tri » confiait récemment la secrétaire générale de la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (cf. Monde diplomatique du 25/02/2025).

Avant d’investir des sommes faramineuses pour extraire davantage de lithium :

– ne serait-il pas préférable d’effectuer des recherches pour optimiser le recyclage et limiter les risque de stockage de toutes ces batteries usagées ?

– ne serait-il pas judicieux de s’interroger sur cette surconsommation d’équipements électroniques, d’obliger les constructeurs à produire des appareils durables et réparables, d’effectuer un travail d’éducation des citoyens sur l’utilisation responsable des smartphones ?

Ces sommes faramineuses pourraient être investies sur des projets de féroutage, les transports en communs de proximité.

Extraction du lithium : quelles conséquences sur notre environnement ?

L’extraction et le raffinage du lithium nécessitent l’utilisation de produits chimiques nocifs : acide sulfurique, cyanure ou acide chlorhydrique. Ces substances peuvent contaminer les écosystèmes aquatiques et les nappes phréatiques, avec des conséquences néfastes pour la faune, la flore locale, les ressources en eau. De plus, les résidus d’extraction peuvent s’accumuler dans les sols, rendant ces terres impropres à l’agriculture.

L’extraction du lithium engendre des émissions importantes de gaz à effet de serre. Elle nécessite l’utilisation de machineries lourdes fonctionnant avec des combustibles fossiles. Le raffinage du minerai en lithium pur consomme beaucoup d’énergie, provenant de sources d’énergie non renouvelable. L’ouverture de mines de lithium peut également détruire des écosystèmes fragiles, perturbant les populations animales et végétales qui y vivent. L’extraction minière nécessite souvent la déforestation de vastes zones pour accéder aux gisements de lithium. Cette destruction des habitats naturels entraîne une perte de biodiversité et peut avoir des conséquences à long terme sur les écosystèmes locaux.

Et dans notre département ?

Notre département est déjà très impacté par le manque d’eau, surtout dans ce territoire des 22 communes ciblé par ce projet d’extraction.

Rappelons que des villages se sont retrouvés sans eau durant l’été (voir notre article) et que Génération futures nous avertit régulièrement sur les taux importants de polluants chimiques dans notre eau (voir notre article).

D’autant plus que les eaux vont transporter des résidus de métaux dangereux ce qui risquent d’être néfaste pour le territoire de l’étang de Thau, où la faune est exceptionnelle avec ses hippocampes qui se réimplantent.

D’autant que l’expérience de la Cogema qui exploitait entre 1959 et 1997 de l’uranium sur le site du Bosc près de Lodève invite à une grande prudence : plus de 25 ans après la fermeture, des militant-es se battent pour une décontamination des sols et ce n’est toujours pas fini… Soulignons que Cogema était une entreprise française avec une responsabilité juridique claire. Aujourd’hui, ce sont des trusts internationaux qui sont retenus pour ces projets d’extraction, avec tout le flou sur leur responsabilité juridique à moyen et long terme.

D’autres alternatives existent.

Une première alternative est l’utilisation de batteries à base de sodium. Le sodium est un élément abondant et largement disponible, ce qui en fait une alternative intéressante au lithium. De plus, le processus d’extraction du sodium est moins dommageable pour l’environnement que celui du lithium.

Une autre alternative est l’utilisation de batteries à base de soufre, élément abondant et bon marché. De plus, les batteries au soufre ont une densité d’énergie élevée, ce qui les rend attrayantes pour de nombreuses applications.

Enfin, une troisième alternative est l’utilisation de batteries à base de magnésium, élément également abondant et facilement recyclable.Les batteries au magnésium ont une meilleure densité d’énergie que les batteries au lithium, ce qui les rend potentiellement plus performantes.

Ces alternatives présentent des avantages en termes de disponibilité et de réduction de la pollution. La production à grande échelle de ces nouvelles batteries est lancée.

En conclusion, les citoyens doivent avoir toutes les informations sur ces questions compliquées qui peuvent impacter de façon délétère et durable notre environnement, notre santé et notre vie quotidienne.

Afin de prendre les meilleures décisions pour promouvoir notre Avenir en commun.