Risque augmenté de leucémie et de neuroblastome chez l’enfant dans les régions de vignobles
Une quantité importante de pesticides est dispersée dans nos régions viticoles (voir ce court rapport). Comme ces pesticides consistent à tuer des petites espèces vivantes, sans surprise ils peuvent être dangereux pour les espèces humaine et animales. Mais démontrer qu’un pesticide isolé répandu sur les terres agricoles est dangereux pour la santé humaine n’est pas évident. Nos sociétés industrielles dispersent sur la terre, dans l’air, dans l’eau de multiples produits chimiques. Un produit isolé peut avoir une faible toxicité mais combiné à d’autres produits une toxicité majeure. De plus, la toxicité dans les grandes espèces est souvent observée à long terme, après de multiples expositions et l’accumulation progressive dans le corps de ces produits, rendant difficile une preuve de causalité entre pathologie et un pesticide.
D’ou le grand mérite des études scientifiques qui trouvent des méthodes pour pallier ces difficultés.
Dans cet article, nous faisons 1. une courte synthèse d’articles récents montrant que les pesticides augmentent le risque leucémies pédiatriques et de neuroblastomes chez l’enfant, et plus particulièrement les leucémies de mauvais pronostic.
Puis nous resituons cette littérature dans 2. le contexte politique actuel permettant de réutiliser le glyphosate, de réintroduire les néonicotinoïdes, d’affaiblir les agences réglementaires. Une folie sanitaire au service des lobbys agro industriels.
Enfin, nous indiquons en quoi 3. le programme l’Avenir en commun apporte des solutions concrètes et pérennes au bénéfice des êtres humains, des agriculteurs, des espèces animales, de la planète, certes au détriment de quelques milliardaires de l’agro-business.
1. Etudes scientifiques. En 2023, une étude de l’Institut national de la santé et de recherche médicale (INSERM) et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a montré que le risque qu’un enfant développe une leucémie augmentait de façon linéaire avec la densité de vignoble dans un rayon de 1000 m autour du lieu de résidence (Voir communiqué de l’INSERM). Pour chaque augmentation de 10 % de la densité de vignes, l’étude montre une augmentation de 5 à 10 % du risque de tous les types de leucémies pédiatriques (Ref 1). Avec une méthodologie similaire, la même équipe a de plus montré une augmentation de 5 % du risque de neuroblastome pédiatrique pour une augmentation de 10 % de la densité de vignes (Ref 2).
L’explication probable est que plus la densité de vignes proche du lieu de résidence est élevée, plus l’exposition prénatale et postnatale aux pesticides des enfants est élevée. Et plusieurs études ont montré que les pesticides augmentent le risque de leucémie chez l’enfant (Ref 3). De plus, une étude récente montre que l’exposition prénatale et/ou postnatale aux pesticides augmente le risque de développer une leucémie grave de mauvais pronostic (Ref 4). Enfin, notons que les premières études d’accumulation de ces substances toxiques dans le corps humain, notamment d’enfants, commencent à sortir (Voir étude INSERM/CHU Poitiers à l’initiative de la Ligue contre le cancer).
2. Contexte national en 2025. Les études scientifiques résumées ci-dessus s’inscrivent dans une actualité de plus en plus inquiétante :
– Hausse majeure de l’incidence de cancers chez les adolescents et jeunes adultes en France et dans le monde, tel que montré en autre par l’étude de Santé Publique France de 2025. Le cancer colorectal a progressé de 1,43 % par an, soit une augmentation totale de près de 30 % sur la période 2000-2020. Le cancer du sein a augmenté de 1,60 % par an, représentant une hausse de plus de 35 % en 20 ans. Le cancer du rein a connu une explosion de plus de 120 %, avec une progression annuelle de 4,51 %. Les glioblastomes, tumeurs cérébrales agressives, ont triplé en 20 ans, avec une augmentation de 6,11 % par an. L’incidence du lymphome de Hodgkin a progressé de 1,86 % par an, soit une hausse totale de près de 40 %. Enfin, les liposarcomes, des cancers rares des tissus mous, ont augmenté de 3,68 % par an, atteignant plus de 90 % de hausse en deux décennies.
– Le cancer redoutable du pancréas augmente de 3 %/an en France chez les adultes et une étude récente (voir notre synthèse) a montré un lien direct avec l’exposition aux pesticides, notamment le le soufre par pulvérisation, le mancozèbe et le glyphosate.
– Le fond d’Indemnisation des victimes de pesticides reconnaît la validité de ces études et commence à indemniser des familles victimes de pesticides : leucémie, malformations génétiques.
Mais malgré toutes ces alertes, les gouvernements libéraux, notamment en France, remettent en cause les quelques avancées en réautorisant le glyphosate, en affaiblissant les agences réglementaires, en proposant de réintroduire des produits éminemment dangereux, en favorisant l’ouverture du marché européen à des produits agricoles contaminés (Mercosur, Ceta, …). L’exemple récent de la proposition de loi Duplomb illustre cette folie : réautoriser un néonicotinoide extrèmement dangereux contre l’avis de toutes les instances scientifiques et de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) !
Vous trouverez un résumé de toutes ces aberrations au seul produit des milliardaires de l’agro-business dans notre dossier thématique Environnement.
3. C’est à nous de décider de notre Avenir en commun ! Comment arrêter cette folie ? La France insoumise propose un programme détaillé et équilibré financièrement pour une agriculture écologique, qui nourrit la population et ceux qui en vivent que vous pouvez lire en ligne via le lien ci-dessus. Ce programme a été actualisé début 2025 avec les lignes directrices suivantes.
– Instaurer une agriculture relocalisée, diversifiée et écologique et créer 300 000 emplois agricoles
– Garantir des prix rémunérateurs aux producteurs par des prix planchers pour les agriculteurs, interdire les ventes à perte et mettre en place une caisse de défaisance pour reprendre les dettes agricoles des convertis au 100 % bio
– Garantir aux agricultrices et agriculteurs le droit à une retraite digne en engageant une réforme du système des retraites agricoles
– Refondre la PAC (politique agricole commune) et orienter les aides publiques agricoles pour favoriser la production écologiquement soutenable, l’intensité en main d’œuvre des exploitations et le développement des protéines végétales
– Faire une réforme agraire pour encourager l’installation de nouveaux agriculteurs et permettre le développement d’un tissu de nombreuses exploitations à taille humaine
– Mettre en place un plan de protection généralisée du foncier agricole, forestier
et naturel en vue de mettre en œuvre le « zéro artificialisation nette » des sols dès 2027 en hexagone
– Planifier la réduction progressive des doses d’engrais et de pesticides, interdire immédiatement les plus dangereux (glyphosate, néonicotinoïdes) et l’importation de productions qui en contiennent
– Instaurer un protectionnisme écologique en fonction des conditions de production et de rémunération du travail agricole : appliquer la clause de sauvegarde pour interdire l’importation de produits mettant en cause une norme sanitaire nationale et garantir un prix minimum d’entrée face à la concurrence déloyale
– Limiter le prix final des produits alimentaires en fixant des coefficients multiplicateurs et en encadrant les marges des industries agro-alimentaires et de la grande distribution
Développer les circuits courts pour réduire la circulation des marchandises et l’utilisation d’emballages
– Protéger nos produits du terroir de la concurrence internationale en garantissant les moyens de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), qui permet de maintenir l’Appellation d’origine protégée (AOP), l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) et l’Indication géographique protégée (IGP)
Références
1. Association between Residential Proximity to Viticultural Areas and Childhood Acute Leukemia Risk in Mainland France: GEOCAP Case-Control Study, 2006-2013. Matthieu Mancini, Denis Hémon, Perrine de Crouy-Chanel, Laurence Guldner, Laure Faure, Jacqueline Clavel, Stéphanie Goujon. Environ Health Perspect. 2023 Oct;131(10). Télécharger l’article.
2. Residential proximity to vines and risk of childhood embryonal tumours in France – GEOCAP case-control study, 2006-2013. Danielle Awounou, Matthieu Mancini, Brigitte Lacour, Perrine de Crouy-Chanel, Isabelle Aerts, Véronique Minard-Colin, Gudrun Schleiermacher, Arnauld Verschuur, Sandra Guissou, Emmanuel Desandes, Laurence Guldner ; Jacqueline Clavel, Stéphanie Goujon. Environ Res. 2024 Jan 1;240.
3. Pesticides as a potential independent childhood leukemia risk factor and as a potential confounder for electromagnetic fields exposure. A Nguyen, C M Crespi, X Vergara, L Kheifets. Environ Res. 2023 Dec 1;238.
4. Pre- and Postnatal Exposures to Residential Pesticides and Survival of Childhood Acute Lymphoblastic Leukemia. Seema Desai, Libby M Morimoto, Alice Y Kang, Mark D Miller, Joseph L Wiemels, Lena E Winestone, Catherine Metayer. Cancers (Basel). 2025 Mar 14;17(6):978. Télécharger l’article