Gaza a été abandonnée par le silence et l’impunité
The Lancet, 24 mai 2025
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Alors que nous assistons à un génocide en direct à Gaza, conforté par l’indifférence des puissances occidentales, voir par leur complicité active (USA, Allemagne, Autriche, Hongrie, …), des scientifiques, épidémiologistes et médecins du monde entier poursuivent leurs études scientifiques rigoureuses pour documenter, chiffrer, resituer dans l’histoire la barbarie en cours à Gaza et en Cisjordanie et casser l’omerta exercée par les politiques et médias mainstream des pays occidentaux. Et des grandes revues médicales anglo-saxonnes comme The Lancet s’honorent en publiant ces études et commentaires.
Dans notre dossier thématique sur la Palestine, nous avons déjà résumé des études du The Lancet montrant que l’espérance de survie des Gazouis avait baissé de 35 ans, soit de moitié depuis 18 mois, et qu’environ 11 % de la population avait été décimés (mortalité directe et indirecte). Pour illustrer cette mortalité indirecte majeure, nous avons commenté cet article du Lancet montrant les conséquences médicales de la destruction du seul centre anti-ancéreux à Gaza. Avoir un cancer à Gaza signifie une mort certaine avec beaucoup de souffrances et de douleur.
Nous donnons ici quelques extraits de cet article ” Gaza a été abandonnée par le silence et l’impunité” publié le 24 mai 2025 dans The Lancet qui conforte et développe les preuves montrant cette barbarie en cours à Gaza. Vous pouvez également lire ci-dessous l’article en format pdf dans sa version originale libre d’accés.
Gaza est au bord de la famine. Près d’un demi-million de personnes risquent de mourir de faim, une situation difficile précipitée par le refus du gouvernement israélien d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza depuis plus de 11 semaines, malgré la destruction de la plupart des systèmes agricoles, halieutiques et alimentaires. Au moment de la mise sous presse, les autorités israéliennes ont annoncé qu’une aide minimale serait désormais autorisée à entrer à Gaza, mais les quantités débloquées jusqu’à présent sont considérées comme totalement insuffisantes par les humanitaires.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que, depuis le blocus de l’aide humanitaire, l’apport calorique moyen par personne et par jour à Gaza a chuté à 67 % du minimum vital, un chiffre qui devrait encore baisser d’ici le 5 juillet. Pourtant, le gouvernement israélien continue d’intensifier ses opérations militaires à Gaza.La famine n’est qu’un aspect de cette sombre réalité. Les attaques contre les établissements de santé et le personnel soignant sont incessantes, Gaza ayant de loin enregistré le plus grand nombre d’attaques contre les soins de santé parmi tous les pays en conflit en 2024. L’hôpital européen de Gaza, seul établissement capable de pratiquer des interventions chirurgicales liées au cancer, ne fonctionne plus. Le système de santé, déjà moribond, a été encore affaibli par le blocus de l’aide humanitaire et le meurtre inacceptable de plus de 1 400 soignants. Medical Aid for Palestinians, une organisation caritative basée au Royaume-Uni, a déclaré que « le système de santé de Gaza est systématiquement démantelé, rendant impossible le maintien de la vie des Palestiniens à Gaza ».
Le gouvernement israélien a également ciblé les infrastructures civiles nécessaires à la survie des Palestiniens, 89 % des systèmes d’eau et d’assainissement et 92 % des logements étant détruits ou endommagés.
La situation sanitaire déplorable sur le terrain après 19 mois de conflit prolongé à Gaza est désormais mise à nu dans une lettre de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). En comparant les données annuelles de 2023 et 2024, les cas de diarrhée aqueuse aiguë ont été multipliés par 36, tandis que le syndrome d’ictère aigu (indicateur d’hépatite A) a été multiplié par 384. Les Palestiniens sont contraints de vivre dans des conditions inhumaines où les maladies prolifèrent. Un récent webinaire sur la situation à Gaza a révélé que chaque jour, en moyenne, 35 enfants sont tués à Gaza, ce qui porte le total à au moins 18 000 le nombre d’enfants tués dans ce conflit. Lors de ce webinaire, Nick Maynard, chirurgien britannique ayant effectué plusieurs missions à Gaza, a déclaré avoir été témoin de « nombreux exemples de crimes de guerre manifestes ».
Des enfants meurent de malnutrition chronique et ceux qui survivent pourraient ne jamais s’en remettre complètement. Gaza abrite également la plus grande cohorte d’enfants amputés de l’histoire moderne. Au-delà des blessures physiques, le traumatisme psychologique de voir leurs maisons détruites et leurs familles tuées laissera des cicatrices permanentes. L’héritage de cette destruction se fera sentir pendant des générations.
L’article orginal en libre accès