Il n’y a pas d’Auschwitz à Gaza. Mais c’est quand même un génocide

Entre 60 et 80 % des victimes à Gaza sont des non-combattants, soit plus que tout autre ratio toléré par l'armée israélienne et plus que dans toute autre guerre à ce jour au XXIe siècle. De facto, cela témoigne d'une politique autorisant l'exécution du génocide.

C’est précisément à cela que ressemble un génocide, écrivent les historiens israéliens Amos Goldberg et Daniel Blatman, historiens de l’Holocauste et des études sur le génocide à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Haaretz, 30 janvier 2025

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Quelques extraits

La question de la définition correcte des atrocités perpétrées par Israël dans la bande de Gaza fait débat depuis plus d’un an parmi les chercheurs, les juristes, les militants politiques, les journalistes et d’autres acteurs – un débat auquel la plupart des Israéliens ne sont pas exposés. Pour les dizaines de milliers d’enfants morts, blessés et orphelins, ainsi que pour les nourrissons qui meurent de froid à Gaza, la définition finalement attribuée à ce crime par la Cour internationale de justice ou par les historiens importe peu.Mark Twain a écrit : « L’encre même avec laquelle toute l’histoire est écrite n’est que préjugés fluides. » Les dangers d’une écriture historique biaisée sont évidents et soulignent la nécessité de définitions précises et mesurées pour une compréhension précise des événements en cours. Néanmoins, un examen comparatif méticuleux des événements de l’année écoulée conduit à la douloureuse conclusion qu’Israël commet bel et bien un génocide à Gaza.

Une enquête menée par Yuval Abraham dans le magazine +972 en avril, corroborée ultérieurement par une enquête distincte du Washington Post, a révélé que l’armée israélienne utilisait l’intelligence artificielle dans ses bombardements à Gaza , augmentant ainsi les dommages causés aux civils innocents. Cette machine créait des cibles pratiquement infinies. Parfois, la destruction de quartiers entiers et le meurtre de 300 non-combattants étaient autorisés uniquement pour cibler un dirigeant du Hamas. Cette logique fait de tous les habitants de Gaza des cibles légitimes. En effet, selon les données méticuleuses et impressionnantes rassemblées par l’historien Dr Lee Mordechai sur son site web Witnessing the War, on peut estimer qu’entre 60 et 80 % des victimes à Gaza sont des non-combattants, soit plus que tout autre ratio toléré par l’armée israélienne et plus que dans toute autre guerre à ce jour au XXIe siècle. De facto, cela témoigne d’une politique autorisant l’exécution du génocide.