A Gaza, plus de 600 enfants au stade le plus grave de malnutrition avec risque très élévé de mortalité en mai 2025
15. Sans traitement intensif, ces enfants vont mourir rapidement. Or Israël a endommagé ou détruit les systèmes essentiels d’approvisionnement en eau, d’assainissement et de santé dans la bande de Gaza.
L’UNICEF lance un avertissement urgent sur la malnutrition aiguë dont sont victimes les enfants à Gaza
Pour ne citer que mai 2025, 5 119 enfants âgés de 6 mois à 5 ans ont été admis pour traitement pour malnutrition aiguë. Une augmentation de 50 % par rapport à avril, de 150 % par rapport à février lorsque le cessez-le-feu était en cours.

Rien qu’en mai, 636 enfants ont été diagnostiqués au stade le plus grave de malnutrition aiguë avec risque élevé de mortalité
La dernier stade de malnutrition (malnutrition aiguë sévère) met la vie en danger, surtout chez les enfants de moins de 5 ans. Elle se caractérise par une perte de poids rapide et importante, une fonte musculaire, et parfois un œdème (gonflement dû à une rétention d’eau).
Les conséquences sont un
- risque très élevé de mortalité sans traitement.
- Affaiblissement immunitaire sévère.
- Retards de croissance, de développement cognitif et moteur.
« En seulement 150 jours, du début de l’année à fin mai, 16 736 enfants – soit une moyenne de 112 enfants par jour – ont été admis pour traitement contre la malnutrition dans la bande de Gaza »
« Chacun de ces cas est évitable. La nourriture, l’eau et les traitements nutritionnels dont ils ont désespérément besoin leur sont refusés. Des décisions humaines qui coûtent des vies. Israël doit autoriser de toute urgence l’acheminement à grande échelle d’une aide vitale par tous les points de passage frontaliers. »
Édouard Beigbeder, directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord
L’UNICEF a pu livrer des centaines de palettes de fournitures pour prévenir et traiter la malnutrition au cours des trois dernières semaines, mais ces fournitures sont totalement insuffisantes au regard des besoins considérables et du contexte général. La quantité d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE), essentiels pour les enfants souffrant de malnutrition aiguë, est extrêmement faible.
La diarrhée aqueuse aiguë représente déjà un cas de maladie sur quatre recensé à Gaza, et des cas suspects d’hépatite A, une maladie hautement contagieuse et rapidement mortelle, sont signalés.
Avec l’augmentation des températures dans les semaines à venir, la situation ne devrait qu’empirer.
Sans traitement intensif, ces enfants vont mourir rapidement. Or Israël a endommagé ou détruit les systèmes essentiels d’approvisionnement en eau, d’assainissement et de santé dans la bande de Gaza. L’accès aux médicaments est bloqué, 50 % des structures médicales ont été détruites ou endommagés, une partie du personnel soignant tué ou emprisonné.
Si elles ne sont pas traitées, la malnutrition et la maladie créent un cercle vicieux mortel. Il a été démontré que les enfants mal nourris sont plus vulnérables aux maladies graves comme la diarrhée aiguë, tandis que la diarrhée aiguë et prolongée aggrave considérablement la mauvaise santé et la malnutrition des enfants, les exposant à un risque élevé de décès.
Unicef 19 juin 2025
Mortalité directe et indirecte à Gaza
Dans un article récent, nous avons fait la synthèse de plusieurs publications publiées dans The Lancet montrant qu’il fallait probablement multipler par 4 les chiffres de mortalité directe par traumatismes (balles, bombes) pour avoir une estimation du nombre de morts réels à Gaza. Du fait de la destruction des centres de soins spécialisés, du blocage organisé des médicaments, avoir un cancer, un diabète ou une maladie chronique grave signifie beaucoup de souffrances et une mortalité probable à Gaza.
Soit environ entre 9 et 13 % de la population décimée.
Ce rapport de l’UNICEF et ceux des organisations de l’ONU (voir notre article) montrent que la famine organisée par Israël condamne le peuple palestien, en particulier les enfants, à encore plus de souffrances si possible et un risque accru de mortalité.