Gaza : quand le diabète de type 1 devient une condamnation à mort
" A Gaza, même l’insuline ne suffit plus. Il manque le sucre. "
Les grands journaux médicaux comme « The Lancet » alertent depuis des mois : à Gaza, la mortalité indirecte causée par l’occupation israélienne est 4 à 5 fois plus élevée que celle des bombes et des balles (voir notre article). Une mortalité silencieuse, planifiée et organisée méthodiquement par Israël, en utilisant les armes de la famine, du blocage de l’entrée des moyens d’abris minimaux (tentes, bâches), de la destruction des moyens d’hygiène élémentaire et de l’eau – entraînant une explosion des maladies infectieuses –, du blocage des traitements des maladies chroniques et cancéreuses, et de l’absence d’aide aux personnes vulnérables, handicapées ou âgées, soumises à des injonctions constantes de déplacement (voir notre article)
Parmi les victimes les plus vulnérables : les 15 000 personnes atteintes de diabète de type 1, dont de nombreux enfants.
A Gaza, même l’insuline ne suffit plus. Il manque le sucre.
Tel est le témoignage glaçant partagé par le Dr Akihiro Seita, directeur médical de l’UNRWA
Le diabète de type 1 : une maladie chronique qui devient mortelle sans traitement
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune qui touche surtout les enfants et les jeunes adultes. Le pancréas ne produit plus d’insuline, une hormone essentielle pour réguler le taux de sucre dans le sang (glycémie). Sans insuline, le glucose s’accumule, provoquant en quelques semaines-mois de graves lésions aux reins, aux yeux et aux nerfs. À l’inverse, un excès d’insuline peut faire chuter brutalement la glycémie, entraînant un coma hypoglycémique en quelques minutes – une urgence vitale qui se traite normalement avec un simple morceau de sucre.
Dans les pays occidentaux, cette maladie est bien maîtrisée. À Gaza, elle devient une condamnation à mort.
« Nous n’avons pas de sucre »
Sondos Abdu, mère d’un enfant diabétique à Gaza, témoigne d’une situation où l’insuline est disponible, mais où le sucre – indispensable pour contrer les hypoglycémies – est introuvable.
« La vie est vraiment dure. Rien que survivre chaque jour est un combat », a-t-elle dit. « Pour l’instant, nous avons de l’insuline », a-t-elle ajouté, et j’ai ressenti un certain soulagement. Mais ce qu’elle a dit ensuite m’a laissé sans voix : « Mais nous n’avons pas de sucre. »
Aujourd’hui, à Gaza, il n’y a pratiquement plus de sucre, de fruits ni de sucreries. Elle m’a expliqué que le sucre coûtait 100 dollars le kilo. « En ce moment, à Gaza », a-t-elle dit, « le sucre est aussi important que l’insuline. » Cette phrase m’a transpercé le cœur.
Dr Akihiro Seita, directeur de la santé, UNRWA
Les enfants diabétiques ont besoin d’injections quotidiennes d’insuline. Mais si la dose est trop forte, leur glycémie s’effondre avec toutes les graves complications mentionnées ci-dessus. Un jus de fruit, un bonbon, suffiraient à les sauver.
« Même lorsque l’insuline est disponible, il n’y a pas de sucre pour enrayer les effets secondaires. Ce qui ne serait même pas un problème ailleurs est ici une réalité mortelle. »
J’ai contacté un ami de l’UNICEF pour savoir si les aliments thérapeutiques à base de beurre de cacahuète, utilisés contre la malnutrition, pourraient aider. « Il n’y a plus de stock à Gaza. Tout a été pillé. »
Dr Akihiro Seita, directeur de la santé, UNRWA
Un champ de bataille où même les médicaments ne suffisent plus
« Gaza est véritablement devenue un champ de bataille. Chaque jour, des civils meurent sous les bombes. Mais d’autres vies, comme celle du fils de Sondos, sont en danger faute de soins basiques. Même lorsque les médicaments essentiels sont disponibles, il n’y a pas de sucre. Et s’il y en a, c’est trop cher. »
Dr Akihiro Seita, directeur de la santé, UNRWA
« Je veux juste protéger mon enfant. » Ces mots, prononcés par Sondos Abdu, une mère désespérée, résument l’absurdité d’une guerre où des enfants risquent leur vie pour un morceau de sucre.
« Il n’y a aucune justification pour que cette guerre continue. Instaurer un cessez-le-feu est un devoir pour la communauté internationale. »
Dr Akihiro Seita, directeur de la santé, UNRWA
Ce témoignage du Dr Seita montre qu’à Gaza, le diabète n’est plus une maladie chronique. C’est une sentence.
Il en est de même avec la destruction totale du seul centre anticancéreux de Gaza par Israël :
Avoir un cancer à Gaza signifie maintenant beaucoup de souffrances et de douleur et une mort certaine.
The Lancet
Et il en est de même de tous les patients atteints de maladies chroniques, les 90000 personnes handicapées, les 17000 femmes enceintes ou allaittantes, les personnes âgées.
Le témoignage du Dr Seita nous montre pourquoi la mortalité réelle à Gaza est 4 à 5 fois supérieure à la mortalité directe par balles ou bombes telle qu’indiquée par le Lancet.
Du fait du siège méthodiquement organisé par Israël qui tue par la famine, la destruction des structures d’hygiène et d’aprovisionnement en eau, l’explosion des maladies infectieuses, le manque de soins élémentaires, où des vies qui pourraient être sauvées s’éteignent dans l’indifférence.
Nous ne pourrons arrêter ce génocide que si les gouvernements européens :
- Suspendent immédiatement l’accord de libre échange entre l’Europe et Israël pour violation de la clause obligatoire de respect des droits de l’homme,
- Cessent toute importation de produits israéliens, les coopérations militaires, économiques , technologiques et académiques,
- Font respecter le droit international et les arrêts de la Cour Pénale Internationale en arrêtant les génocidaires quand ils survolent le sol européen, en arrêtant les citoyens israéliens présents sur le sol européen si ils ont fait l’apologie ou participé à ce génocide, à l’exemple de la Belgique.
Les Insoumis du Pic Saint Loup (34)