Génocide à Gaza. Un crime collectif commis avec la complicité de la France et de 62 pays indique l’ONU
Soixante trois états « pourraient et devraient être tenus pour responsables d'avoir aidé, assisté ou participé conjointement au génocide ».
Cet article a été aussi publié dans l’Insoumission
« Le génocide en cours à Gaza est un crime collectif, soutenu par la complicité d’États tiers influents qui ont permis les violations systémiques de longue date du droit international par Israël. Encadrée par des récits coloniaux qui déshumanisent les Palestiniens, cette atrocité diffusée en direct a été facilitée par le soutien direct, l’aide matérielle, la protection diplomatique et, dans certains cas, la participation active d’États tiers.
Elle a créé un fossé sans précédent entre les peuples et leurs gouvernements, trahissant la confiance sur laquelle reposent la paix et la sécurité mondiales. Le monde se trouve désormais à la croisée des chemins entre l’effondrement de l’État de droit international et l’espoir d’un renouveau. Le renouveau n’est possible que si la complicité est confrontée, les responsabilités sont assumées et la justice est respectée. »
Rapport sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, 20 octobre 2025
C’est le résumé sans appel du rapport transmis le 20 octobre 2025 par le secrétaire général de l’ONU à l’Assemblée Générale. Cette analyse a été coordonnée par Francesca Albanese, la courageuse rapporteuse de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.
Une brève synthèse de ce rapport est fournie ci-dessous. Si vous êtes intéressés par plus de détails, vous trouverez en fin d’article la traduction de cette analyse qui est en soi claire et explicite.
Soixante-trois états « pourraient et devraient être tenus pour responsables d’avoir aidé, assisté ou participé conjointement au génocide »
L’ONU exhorte tous les États à suspendre immédiatement leurs relations diplomatiques, militaires, commerciales avec l’état d’Israël, à restaurer l’aide humanitaire, à enquêter sur les personnes impliquées dans le génocide, et à coopérer pleinement avec la CIJ et la CPI.
1. Le soutien diplomatique : Malgré les avis très clairs de la CIJ indiquant dès 2024 un risque plausible de génocide, puis son avis de 2025 demandant à Israël de mettre fin immédiatement à l’organisation de la famine, malgré les mandats d’arrêt en 2024 de la CPI contre les dirigeants israéliens, malgré les obligations des États parties au Statut de Rome, les états occidentaux n’ont engagé que des sanctions symboliques contre Israël.
Après le 7 octobre 2023, les dirigeants occidentaux, relayés par leurs médias, ont répété les narratifs israéliens, justifiant de facto les atrocités commises à Gaza par le gouvernement israélien et bloquant l’instauration d’un cessez-le-feu permanent. Les États-Unis ont utilisé leur veto au Conseil de sécurité à plusieurs reprises, tandis que d’autres États comme le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Canada ont édulcoré les résolutions. Les sanctions contre Israël sont restées symboliques.
2. L’approvisionnement militaire : En dépit du risque plausible de génocide dénoncé dès 2024 par la CIJ, les rapports de l’ONU et d’ONGs qualifiant de génocide l’action d’Israël à Gaza, de nombreux États ont continué et continuent de fournir des armes à Israël. Les États-Unis demeurent le principal soutien, suivis de l’Allemagne, de la France. Le Royaume-Uni a facilité des lignes d’approvisionnement cruciales et mené des missions de surveillance au-dessus de Gaza. Le rapport souligne également que la présence de citoyens étrangers dans l’armée israélienne constitue une forme de soutien militaire.
3. L’instrumentalisation de l’aide : 18 États ont suspendu leur financement à l’UNRWA sur la base d’allégations israéliennes, dénoncées par une commission d’experts internationaux, bloquant cet acteur humanitaire crucial alors que le blocus israélien créait délibérément la famine. Dans son avis récent, la plus haute juridiction internationale, la CIJ, a totalement invalidé ces allégations israéliennes sans fondement et a ordonné à Israël et à la communauté internationale de ne plus bloquer l’action de l’UNRWA.
4. Les relations économiques : Le maintien du commerce normal légitime le régime israélien. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, la France et les Émirats arabes unis, ont même augmenté leurs échanges pendant le génocide.
La France figure parmi les principaux états ayant soutenu le génocide
Politique intérieure. Le gouvernement et les principaux partis politiques français ont soutenu inconditionnellement le gouvernement israélien malgré les risques de crimes de génocide dénoncés par la CIJ et les multiples vidéos démontrant les atrocités commises par l’état israélien. Les contestations contre le génocide à Gaza des citoyens français ont été interdites, voir criminalisées. Des citoyens, des dirigeants syndicaux, des responsables de partis politiques, notamment de la France Insoumise, ont été et sont accusés d’apologie du terrorisme. Les manifestations pour dénoncer l’action d’Israël à Gaza ont été systématiquement interdites et réprimées à la demande du gouvernement, des responsables des partis de droite et d’extrême droite, mais aussi de dirigeants du parti socialiste. Les médias privés et publics n’ont cessé de relayer la propagande de l’armée génocidaire, offrant leurs plateaux aux chroniqueurs pro-génocidaires et aux porte-paroles de l’armée israélienne. La France n’a apporté aucun soutien aux courageux militants des flottilles de la liberté tentant de briser le blocus de Gaza, à la différence de l’Espagne et même du gouvernement d’extrême droite italien. Encore tout récemment, alors que le monde entier reconnaît le crime de génocide commis par Israël, un colloque Palestine-Europe vient d’être interdit au Collège de France sous la pression du gouvernement. Au même moment, des manifestions pro-génocidaires sont organisées en toute liberté.
Diplomatie. Le gouvernement français est passé d’une politique de soutien sans réserve de l’état d’Israël à une position plus hypocrite, de dénonciation en apparence, de soutien actif en réalité. L’invention d’un pseudo-droit international pour ne pas arrêter les dirigeants israéliens survolant notre territoire alors qu’ils font l’objet de mandats d’arrêt internationaux en est une illustration. Les autres illustrations sont un soutien actif économique et militaire à Israël.
Vente d’armement. Le gouvernement français a continué à vendre pour 27 millions d’armes à Israël en 2024 et vient d’autoriser la participation à un salon national de compagnies israéliennes produisant des armes de guerre technologiques, qui ont tué des dizaines de milliers de civils innocents. La France participe également aux programmes de transfert indirect d’armements, notamment le programme F-35 utilisé dans l’assaut sur Gaza.
Soutien économique. La France ne s’est pas opposé à l’accord de libre échange entre l’Europe et Israël. Pire, les banques et compagnies françaises sont parmi les toutes premières compagnies internationales soutenant activement l’économie israélienne et la colonisation illégale en Cisjordanie.
La question des 4000 soldats franco-israéliens directement engagés dans l’armée israélienne pour commettre ce génocide est particulièrement préoccupante. Le rapport de l’ONU considère la présence de citoyens étrangers dans l’armée israélienne comme une forme de complicité étatique, soulevant la question de la responsabilité des États dont les ressortissants participent directement aux opérations militaires. Des ONG françaises et internationales ont déposé des plaintes et des signalements visant des soldats franco-israéliens, alléguant des exactions filmées ou documentées sur le terrain et appelant les autorités judiciaires françaises à ouvrir des enquêtes sous le principe de juridiction universelle pour crimes internationaux. Aucune poursuite n’a été engagée en France contre ces citoyens français coupables de crimes de guerre et maintenant de génocide, à la différence de la Belgique.
